« À mort Judas ! Encore ! À mort Judas !
Derrière chaque rue, une autre porte
Où se terrent ces dénommés Rats ! »
Ainsi s’exhale la haine qui se colporte,
L’écho d’un tapage qui se déporte
Jusque dans nos plus claires places fortes.
La pluie est en cette nuit d’automne,
dans le reflet de ces étoiles mortes,
montée aux yeux que l’on boutonne.
Partout s’illuminent de grands brasiers
portant l’odeur de cendres jusqu’au-delà
des cris de douleur et du sang séché.
Combien de cris dans un grain de poussière,
et de lambeaux de vie fossilisées
au nom d’un homme ou bien d’une frontière ?
À la fenêtre du cordonnier
S’enflamme l’oiseau papier de Sarah,
Les ailes brisées de brutalités.
J’entends, là, le bruit de l’anonymat
Du silence flou, si bien orchestré
Que le monde fou, danse à ses bras.
Il fait si noir en leur âme abîmée,
que tous ces aveugles marchent au pas
de ces constellations à éclipser.
Hommes et femmes d’ici et là-bas,
Regardent fleurir ces aigres idées,
Cueillant outre-Rhin de nouveaux alliés.
Sur le trottoir, Sarah les yeux pillés,
sent la brûlure, du verre à ses bras,
entailler la peau de sa liberté.
Elle regarde la foule s’embourber
dans la fange de valeurs mises à bas,
transcendée par ce feu de cruautés,
Aux pieds de cette nuit cristallisée,
l’humanité a volé en éclats,
et Sarah n’a plus jamais su rêver,
Elle veille l’aube vêtue de satin,
Elle guette à ce que les nuits se couchent
Dans le souffle blanc des eaux du matin.
©️Nataneli
10-11-1938 — 10-11-2022
Aquarelle Sandra Encaoua Berrih
Découvrez le recueil de poèmes de Nataneli
Découvrez le travail de l'artiste Sandra Encaoua Berrih dans son livre LoVE
Bravo Nataneli, très joli texte, poétique à souhait comme tu sais si bien les faire.