Pourquoi jusqu’au début du XXe siècle, les comédiennes tombaient-elles quasi automatiquement dans la vie semi-mondaine voire la prostitution ?
A cette époque, les comédiennes ont la charge d’acheter leurs costumes. Les robes nécessitent beaucoup de tissu et sont chères. Par ailleurs, plus elles sont belles, plus on se fait remarquer et plus on a de chances de décrocher de nouveaux rôles, d’où l’importance d’y mettre le prix.
L’importance du costume est donc majeure, au point que certaines revues se consacrent aux costumes de scène, si bien que les actrices deviennent de véritables ambassadrices de la mode.
A noter que le souci de la vraisemblance historique n’est pas encore une préoccupation majeure. Lorsque Rachel joue Marie Stuart et déclame « Au plus vil dénuement dans ma prison réduite… », elle porte une robe du XIXème en velours noir, brodée et couverte de diamants !
D’autre part, les théâtres font régulièrement faillite et les comédiennes se retrouvent souvent sans emploi. D’où la nécessité de trouver un protecteur. Un système dont tout le monde se satisfait puisqu’il est de bon ton, voire nécessaire pour un homme du monde, d’avoir une maîtresse comédienne, pour briller en société.
Les épouses s’en accommodaient généralement très bien. Les mariages étant souvent arrangés et donc sans amour, voilà qui leur permettait d’échapper au devoir conjugal !
Le choix des maîtresses et des protecteurs se faisait en fonction du rang de chacun. Un ministre « se servait » à la Comédie-Française, à l’Odéon ou à l’Opéra, un bourgeois dans les Théâtres de Boulevard, et vice-versa, les comédiennes « visaient » en fonction de leur notoriété.
Le processus est très bien décrit par Zola dans Nana, et plus tard par Alexandra David-Neel dans Le Grand Art. Le premier roman se situe au XIXe, le second au début du XXe siècle. Le parcours des deux héroïnes est relativement semblable, à la différence notable que Nana sort de rien, tandis que Cécile, l’héroïne du Grand Art, est une artiste, avec une formation, du talent et un véritable amour de l’art, ce qui rend son cheminement particulièrement poignant.
Une exception notable est celle de Virginie Déjazet, dont la carrière a traversé le XIXe siècle. Elle est l’une des rares comédiennes à avoir échappé à ces contraintes, c’était même elle qui avait tendance à entretenir ses amants. Cela ne l’a malheureusement pas empêchée de mourir dans la misère, quand le succès s’est évanoui…
Commande États-Unis : https://www.rencontredesauteursfrancophones.com/product-page/mademoiselle-d%C3%A9jazet-anne-sophie-n%C3%A9d%C3%A9lec
Comments