Je me suis souvent demandé d’où provenait la joie.
On est là, tout penaud, harassé par une journée qui s’est mal passée, l’ordinateur se replie avec un soupir. On aimerait s’évaporer. Et dire qu’il faut encore préparer le repas !
Puis, il y a ce coup de fil imprévu du fiston, de l’amoureux, de la vieille copine, et l’énergie semble remonter en nous par les pieds, telle une plante grimpante. D’un coup les maux de dos s’estompent, ce dîner qu’on avait envie d’annuler se profile comme une apothéose et l’idée que les gamins puissent se goinfrer de pizzas surgelées ne parait plus si catastrophique.
D’où est venue cette reconversion totale, presque imminent ?
En me posant la question, j’ai pensé à cette photo de mon fils et moi prise par mon amie Anne-Pascale. Nous nous attelions au shooting de la couverture d’un de mes romans, c’était plutôt sérieux, en tout cas professionnel, puis Martin est arrivé, je ne sais plus ce que je lui ai dit, mais nous avons ri et mon amie a immortalisé l’instant.
Ce qui nous a mis en joie ? Les mots !
Pas de manière exclusive, bien sûr, mais ils ont joué un rôle certain dans le processus. Ils ont ce pouvoir. Ils ont d’ailleurs tous les pouvoirs. Ils sont à la fois magnifiques et dangereux. Ce n’est pas tant le mot en lui-même qui compte, mais celui qui le prononce et le contexte dans lequel il est exprimé. Ainsi « je t’aime » peut, selon, s’avérer douloureux et un simple « viens ! » complètement enivrant.
Parfois le mot est carrément banal, voire insipide. Cette semaine, c’est le mot couverture qui m’a donné l’ivresse. Un mot qui ne prête en rien au rêve. C’était un moment laborieux de l’après-midi, hésitant entre café et besoin d’aller prendre l’air. Le chauffage était en panne, il faisait humide et sombre, franchement glauque, lorsqu’un mail m’apprend que le graphiste a mis en page la couverture de mon nouveau roman. Je relis plusieurs fois le mot couverture et, au lieu de découvrir l’image avec frénésie, j’image le résultat. Lumineux, attirant, prometteur. J’ouvre enfin l’attachement. J’adore ! La sève monte alors en moi et l’après-midi prend des airs de printemps !
Pour un temps…
Il existe 200 000 mots dans la seule langue française, c’est dire si nous sommes outillés pour fabriquer la joie ! La diffuser !
Alors, qu’est-ce qu’on attend pour en abuser ?
Que votre 2025 soit délicieusement volubile !
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