Une grosse dame mal peignée,
Au manteau tout dépareillé
Et tout entaché,
Trottinait dans la rue
En halant un caddie
Plein à ras bord
De bouteilles vides.
Sur son épaule
Reposait fièrement
Un long bâton
Augmenté d’un crochet.
S’approchant de la bulle à verre,
Elle y aperçut un homme qui,
Juché sur un vélo,
Jetait des regards appréciateurs
Au travers des hublots.
« Monsieur »,
dit la grosse dame
En brandissant d’un geste hésitant
Sa hallebarde de fortune,
« Ceci est ma bulle à verre,
Je vous prie de passer votre chemin ! »
L’homme tourna la tête vers elle
Et sembla la jauger
Comme il le faisait juste avant
Des bouteilles vides :
Consignée ou pas consignée ?
Mais il laissa glisser son vélo
Jusqu’à elle et la gratifia
D’un sourire de jeune premier édenté :
« Madame,
Que savons-nous de nos vies
Et de l’amour qui nous porte vers elles ?
Irons-nous à la casse
Où serons-nous consignés ?... »
Hommage aux glaneurs de ma rue © Martin Ryelandt 2017
Découvrez le roman de Martin Ryelandt
ramasseurs d'étoiles.... glaneuses de verre...