Je me sens si bien à califourchon sur le dos des collines de pierre blanche, ici, dans ce wagon en équilibre juste au-dessus de la forêt. Mais tout n’est-il pas toujours affaire d’équilibre ?
On ne peut jamais s’installer dans quoi que ce soit, avec qui que ce soit. Il suffit d’accepter l’omniprésence, la toute-puissance du règne du fragile, de l’impermanence, de l’instabilité.
Tout ce avec quoi nous vivons est passager et rien ne peut nous protéger de cette étrange trilogie venant à chaque instant se glisser dans nos bunkers cadenassés. La chasser, l’ignorer est aussi absurde que de fermer les yeux devant la gueule du danger.
Peut-être au contraire faut-il la contempler avec l’immense gratitude de ceux qui un instant sont épargnés. Peut-être même s’agit-il de l’aimer, la cannibale aux yeux dorés.
N’est-ce pas elle qui d’une seconde en fait une sorte d’éternité ? Qui de la moindre fleur en fait mille bouquets ? N’est-ce pas elle qui relâchant son étreinte nous offre le goût puissant d’une totale liberté ?
Oui, l’aimer, chaque fois qu’elle s’éloigne de nous, toutes griffes rentrées, avec la nonchalance des tigresses repues, nous invitant à respirer sous l’éclatant soleil, à quelques pas de nos terriers.
Alain Cadéo.
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