Chaque samedi, retrouvez les aventures de Tali Nohkati. Un joli rendez-vous de lecture avec les enfants, parce que la lecture est essentielle dès le plus jeune âge.
Une aventure littéraire signée Koza Belleli. Bonne lecture et rendez-vous samedi prochain pour la suite de votre lecture en famille.
Résumé des épisodes précédents : seul survivant d’une bourrasque de feu, TALI
NOHKATI est contraint de partir à la recherche de ses semblables. Après avoir croisé
le chemin de l’ourse Yupik et son petit Qanuk, après avoir vogué dans le ventre d’Atii
la baleine et s’être lié d’amitié avec des loups dans une forêt, Tali Nohkati retrouve
Coyote.
5 – Tali Nohkati retrouve Coyote
- Ah ! Tali Nohkati ! Tali Nohkati ! Je suis si heureux de te revoir enfin !
- Coyote ! Coyote ! Tu m’as tellement manqué !
Ces retrouvailles les remplissaient de joie. Coyote bondissait autour de Tali
Nohkati qui riait aux éclats.
- Comme tu as changé ! dit Coyote. Mais raconte-moi, raconte-moi ton voyage.
Tali Nohkati, intarissable, lui raconta alors ses aventures avec Atii, Haïda et ses
louveteaux, Yupik et Qanuk. Coyote l’écoutait, émerveillé. Tant de courage et
tant d’audace forçaient son admiration. Son cœur débordait de tendresse pour
l’enfant qu’il avait vu naître.
Ce faisant, ils s’éloignaient de la forêt profonde. Les arbres, toujours aussi
majestueux, faisaient une part plus belle à la lumière. Le ciel immense s’offrait,
resplendissant.
A la fin du jour, ils se posèrent. L’émotion leur avait donné faim. Dans ses
réserves Tali Nohkati puisa des mets de choix : poissons et viandes fumés, un
vrai régal.
Devant le feu qui crépitait, un flot de souvenirs leur revint en mémoire. Pêle-
mêle, les nuits sous les étoiles, les berceuses de la mère, les promenades dans
les vallées, les gestes du père…
- Et toi, demanda Tali Nohkati, qu’as-tu fait ?
- Après ton départ j’errai sans savoir où aller, dit Coyote. Ton absence brisait
mon âme. Mais je voulais vivre, pour te revoir et contempler encore l’éclat
mordoré de la lune. Alors je me suis mis en marche, droit devant, pendant des
jours et des nuits. Peu à peu, les étoiles et le soleil réapparaissaient dans le
ciel. La rosée et la pluie apaisaient ma soif. Bientôt, une grande plaine surgit
devant moi. L’herbe était grasse, la nourriture abondante. La vie enfin reprenait
ses droits, au-delà de mes espérances. Un soir, j’étais sur le point de
m’endormir quand j’aperçus un feu. Curieux, je me suis approché. Tapi dans
les broussailles, je vis alors un groupe d’hommes semblables à toi.
- Combien étaient-ils ? D’où venaient-ils ? demanda Tali Nohkati intrigué.
- Veillant à ne pas me faire remarquer, je les ai suivis durant plusieurs saisons,
dit Coyote. Les hommes chassaient ensemble, les femmes portaient leurs
enfants sur le dos et cueillaient des plantes. Ils partageaient leurs prises,
chacun ayant sa part et sa place au sein de la tribu. Aucun n’était en peine,
aucun n’était oublié. L’un d’eux pourtant semblait les guider et avoir de grands
pouvoirs. Souvent, je l’observais. Respecté de tous, il traquait le gibier avec
habileté et le soir venu, il lisait dans le ciel la marche des étoiles.
- Comment faisait-il ? interrogea Tali Nohkati.
- Je ne l’ai jamais su, avoua Coyote. Mais si tu le rencontrais, sans doute
pourrait-il te l’apprendre et peut être t’accepterait-il parmi les siens.
- Puisque tu connais leur territoire, pourrais-tu me mener vers eux ? demanda
Tali Nohkati.
- C’est d’accord, dit Coyote. Au lever du jour, nous nous mettrons en route.
Le lendemain, la forêt avait totalement disparu et la plaine décrite par Coyote
se déploya sous leurs yeux.
Ondoyante, parsemée de fleurs multicolores, elle s’étendait à l’infini. Tali
Nohkati embrassa du regard ce nouveau pays. Coyote qui l’avait parcouru en
connaissait toutes les parcelles. Aussi donna-t-il à l’enfant de précieux
conseils.
Ils cheminèrent tout au long du jour sans toutefois croiser âme qui vive.
Bientôt la nuit les enveloppa et la lune les rejoignit. Elle se posa délicatement
sur les oreilles dressées de Coyote et s’exclama :
- Tali Nohkati, comme tu as grandi !
Emu de la revoir, Tali Nohkati ôta de son vêtement et lui montra les opales
oubliées par elle lors de sa visite au Pays Blanc
- Tu vois, belle Lune, je t’avais sur mon cœur.
Cette marque de tendresse la toucha au plus profond d’elle-même. Elle le
serra dans ses bras et lui confia :
- Comme te l’a dit Coyote, ce coin de terre est propice aux rencontres. J’ai vu
ses chemins. Ils sont nombreux. Ses herbes hautes dansent sous le vent…
Puis elle ajouta un sanglot dans la voix :
- … et ses pluies de printemps ont la douceur des berceuses que les femmes
de la tribu fredonnent aux enfants.
Et disant cela, elle embrassa Tali Nohkati. Elle caressa le pelage de Coyote,
s’éleva doucement dans le ciel et disparut.
Plusieurs jours s’écoulèrent.
Coyote ne pouvait se résoudre à quitter Tali Nohkati. Hélas, le temps était venu
pour lui de partir. Un matin, ne laissant rien paraître de sa tristesse, il lui dit :
- A part la lune et les proies que nous avons capturées, nous n’avons
rencontré personne. Pourtant je le sens, tes semblables ne sont pas très loin.
- Tu vas donc me laisser encore une fois, répondit Tali Nohkati.
- Il ne peut en être autrement, tu le sais bien. Néanmoins, je ne voudrais pas
m’en aller avant de t’avoir confié un détail qui te permettra de reconnaître celui
qui mène les siens à travers le Pays des plaines. Sa chevelure est parée d’une
plume d’aigle.
Faisant mine de le retenir, Tali Nohkati tenta bien d’en apprendre davantage.
Mais Coyote lui lécha les joues et se mit en route en lui promettant de le revoir
bientôt.
Le soleil au zénith baignait la plaine d’une lumière d’or. Le cœur emplit de
chagrin, Tali Nohkati regardait son ami s’éloigner. Alors il se mit à penser à ces
hommes, ces hommes qu’ils rencontreraient bientôt, avec lesquels il
partagerait leur vie. Et ces pensées lui donnaient du courage.
- § -
Retrouvez les aventures de Tali Nohkati
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