Ce que le Monde quotidiennement s’inflige est un enfer illimité. Je plains les sacrifiés sur le sanglant autel de la bêtise. Je plains les silencieux et leurs cortèges d’âmes dépouillées du moindre coin de terre. Je plains l’artisan que l’on prive de son métier, le juste dont on étouffe la parole sensée, le sincère que l’on noie dans un bourbier de fausses vérités, le pur et l’innocent qui sont les proies de l’imposture.
Est-il si difficile aujourd’hui d’être un Homme de simple et bonne volonté? Faut-il subir toujours l’assaut des forcenés, des enragés de lieux communs forçant nos têtes à se courber?
Soyons donc les derniers poètes, pionniers et chevaliers qui, pour l’honneur et la vraie liberté, avancent sans trembler ni rechigner sur des champs gris et dévastés. Sous nos sabots et sous nos pieds et dans nos crânes étoilés, germent d’éclatantes jonquilles et un ciel inversé de liserons et de bleuets.
Vous me direz: « C’est bien joli tous vos bouquets, vos intentions, vos rêveries, vos coups d’épées dans l’eau de la misère! Mais, pauvres illuminés, qu’espérez-vous changer? »
Peut-être rien, si ce n’est que nos songes habités, nos vaillantes images, nos charges de ferveur, même nos rires édentés avec leurs postillons en jasmins étoilés, l’écume rouge sang de nos blessures dominées et de nos bouches assoiffées comme pavots lancés sur le gris de vos calculs sournois, sont couleurs vives, vraies, sauvages, jetées en généreuses pluies d'étincelles sur votre noire et plate cruauté, votre impuissance à inventer l’aérien, le léger, l’euphorie d’un Eden neuf et retrouvé.
Alain Cadéo
Merci pour cette lumière venue d’un cœur qui ne demande qu’à battre en paix. Je me sens moins seule dans ce désert. Il reste donc de l’espoir pour l’humanité.
Je vous rejoins, Alain. A nous, les écrivains, les poètes, les chevaliers, les hommes simples et de bonne volonté, de porter la parole et de croire, envers et contre tout, à un monde meilleur, à un monde de paix. 😊