Vivre tout bas Jeanne Benameur Actes Sud
Le coup de cœur de notre libraire Benoît Lacoste
Sublime douceur et extrême délicatesse
« Elle, elle écrira cela, ce qui anime le pas, fait entrer dans le cœur le souffle de ce qui n’a pas de nom. Elle écrira ce qui donne de la force sans même qu’on le sache. »
Lire un ouvrage de Jeanne Benameur est toujours une expérience singulière. Il faut accepter le mystère, de plonger dans l’inconnu, de se laisser surprendre par la poésie des pages, la douceur et la grande délicatesse du propos, la lenteur et le calme. C’est ouvrir directement la première page et se laisser happer sans chercher à savoir ce qui va suivre.
Vivre tout bas est l’histoire d’une femme sans nom qui n’est plus qu’« un souffle et un mouvement sur la terre. ». Une femme qui a perdu un fils, une femme dont tout le monde connait l’histoire (sauf le lecteur), une femme qui a appris les signes, qui sait donc lire et écrire alors même que c’est interdit.
« Est-ce qu’il avait compris qu’il n’y aurait que dans les signes écrits qu’elle trouverait refuge ? Est-ce que lui aussi avait été envoyé vers elle pour lui donner cet outil mystérieux ? »
Une femme qui devient l’amie d’une jeune fille, orpheline et muette, « deux douleurs qui marchaient ensemble. » car « la souffrance n’empêche pas la joie de faire son chemin. Pas à pas. » Elle lui apprendra les signes, elle lui transmettra le gout de la vie, la guidera sur le chemin de la reconstruction après le drame.
« Jean est entré dans l’eau noire. La nuit et l’eau accueillent mieux ses larmes que le jour. Il nage longtemps puis s’allonge sur le bord. Ici il n’y a pas de sable, entre les galets la terre est sèche. Lui n’a jamais rien vu sur la paroi de la Falaise. Le visage de l’aimé est au creux de ses mains. Il pose ses paumes sur son front. Ses doigts effleurent ses paupières. Qui compte les nuits depuis sa disparition ? Compter les jours ne suffit pas. C’est l’obscur qui enveloppe le cœur de ses bandelettes serrées. »
Il y a également Jean, celui qui un jour écrira. Lui aussi est en deuil. Il l’accompagne, il la veille, il l’écoute.
Il y a encore le fabricant de sandales, la grand-mère ou quelques autres inconnus. Et il y a l’eau, la mer, la nature, les galets… et toutes ces descriptions sublimées et sensorielles.
Les points de vue alternent, les pages se tournent, disséminant ici ou là des indices et autres détails pour le lecteur. On devine qui est cette femme, qui est cet homme. Néanmoins, rien n’est explicite.
« Écrire sur ce rouleau lui donne force aussi pour aller puiser dans les yeux de ceux qu’elle croise ce qu’est la vie. »
Les métaphores sont nombreuses, la sensibilité est omniprésente. Le lecteur baigne dans une atmosphère sublimée par l’écriture d’apparence si simple et pourtant si émouvante, si touchante. Plus qu’un roman, c’est une véritable expérience de lecture où chaque mot devient une respiration, chaque page un espace de contemplation.
Vivre tout bas est un roman à lire doucement et à ressentir profondément.
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20,00$Prix
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